Blog de cuisine mère/fille

Assegass Ameggas ! Célébration de Yennayer dans les Aurés. Très bonne année Amazigh !

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 » Yennar, la fête de la terre

 » Si dans les grandes villes et les milieux citadins du pays chaoui certains rites liés à Yennar sont tombés en désuétude, dans les campagnes par contre, ces rites qui entourent la fête de Yennar demeurent à ce jour intacts, ils sont observés avec la même rigueur depuis des siècles.

Au contraire des autres Berbères, les Chaouis font la distinction entre l’année ancienne et l’année nouvelle et les célèbrent chacune avec des rites à part ; le 13 janvier étant le dernier jour de l’année en cours, le 14 le premier jour du nouvel an.

Mezlagh : ou yennar aqdhim (yennar l’ancien ) célébré le 13 janvier est considéré comme le dernier jour de l’année qui s’achève (d’où le nom yennar l’ancien), le repas doit être préparé à base d’anciens ingrédients, le mets le plus populaire est ‘’lɛich’’ préparé avec de la viande séchée (qu’on a déjà salée et gardée à cet effet), fèves, et taklilt ( fromage séché). Mathéa Gaudry rapporte également que lors du mezlagh, jour d’avant Yennar on fait le sacrifice d’un mouton, et on prépare «Irachmen» maïs ou blé cuits toute la nuit pour être jetés sur les arbres fruitiers afin d’assurer une bonne récolte.

Amenzu n yennar : (premier Yennar) Le 14 janvier est considéré comme le début du nouvel an, on commence par le nettoyage et l’embellissement de la maison, la même chose pour l’étable , la cour, et les caches des céréales (Tisserfin), on renouvelle le contenu des sacs à grains (tachluth) de semoule, fèves… La femme (souvent la grand-mère) procède aux changement des pierres de l’âtre (ingnen n ilmes) . cette action revêt une importance capitale pour les Chaouis et dont l’exécution se fait en respectant minutieusement une cérémonie préétablie. La grand-mère prend les deux pierres de l’âtre (en laissant celui de droite, ing afussi) dans un sac ( taklut) et sort accompagnée des enfants, en choisissant les nouvelles pierres pour son âtre, thamɣart (vieille femme) se livre à une sorte de lecture et d’interprétation des signes et des présages, si elle soulève une pierre et qu’elle trouve en dessous un mille pattes elle en conclue que le bétail va s’accroître, une fourmi augure d’une bonne année agricole, etc. Ensuite, la vieille femme cueille une plante spécifique ‘’Adharyis’’ (thapsia) et la suspend au seuil de la maison afin d‘empêcher les mauvais esprits d’entrer, il n’est pas superflu également d’embaumer le verger avec plantes aromatiques pour le prémunir aussi contre ces maléfiques puissances invisibles.

La ménagère après avoir changé les ustensiles de cuisine usagés, renouvelle le balai de bruyère (tafarrat), elle prépare tiɛnen n Yennar (petites galettes) en quantité importante en sorte que chaque membre de la famille, les proches et les voisins, les objets même aient droit à leur ‘’taɛnunt’’. ainsi la femme dépose une galette sur chaque objet, meule traditionnelle (Tassirt), le métier à tisser (Azzeta), l’âtre (ilmes).

Le père de famille sur son mulet suivi des enfants tout joyeux parcourt les environs pour donner à chaque voisin sa petite galette ; ‘’tiɛnen n yennar’’ qui entre aussi dans la préparation du ‘’Zirawi ‘’ qu’on mange avec le ‘’Achekhechoukhe’’ au déjeuner.

Amensi n yennar (le diner de Yennar) est le point culminant de cette fête, toute la famille se rassemble dans la maison de l’aïeul, du grand-père ou du fils aîné autour du couscous, le coq fermier sacrifié (gazidh n yennar) pour le dîner a déjà été choisi sur la base de certains critères, taille, couleur du plumage, etc.

Les rites de Yennar reflètent le foisonnement des croyances et des superstitions des Chaouis qui ont survécu à des siècles d’oralité, ils doivent faire l’objet aujourd’hui d’études de la part des spécialistes afin d’être préservés. »

Jugurtha Hanachi

 

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13 Réponses

  1. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ce message , c’est bien de nous raconter ça , je vais dire en plus que la photo du plat en terre et ce qu’il y a dedans est très jolie
    Bonne et heureuse année à toi et à tous les tiens

    12 janvier 2017 à 15:44

  2. Kamel

    Bonne année donc à tous les algériens …

    Parfaitement résumé. Je me suis longtemps amusé avec les petites galettes dont il est question à la fin du texte. Effectivement dans notre région on parle de « yennar » et non de yennayer (même nom du mois de janvier que les moyens-orientaux et son cousin january et finalement janvier …. ). Le nom viendrait du passé païen de Rome et de Janus (Dieu de la porte ou entrée de l’année). Je ne suis pas vraiment d’accord du lien avec ce fameux empereur berbère (d’origine de Libyenne, mais que le calendrier ancien libyen ignore totalement). Il n’en reste pas moins qu’il faut conserver les traditions millénaires car c’est un lien très fort. Le 12/13/14 janvier , « Yennar » est fêté partout dans l’Est Algérien (pas seulement dans les Aurès) mais il y a des variantes certes . Souvent bien sur avec Achekhchoukha (Achakhchoukh). Merci d’avoir cité Aklil (klila pour les arabophones et les autres mots du vocabulaire chaoui … Il faut que je me replonge dans mon univers du coté de Ain Amelila.

    12 janvier 2017 à 16:03

  3. kouky

    Merci Irisa pour ton intérêt et tes gentils voeux.
    Ravie que ce petit billet t’ait plu aussi, ça a été une belle découverte pour moi aussi quand je l’ai lu pour la première fois, merci à son auteur pour tous les détails et les noms d’origine qui le jalonnent .
    Par contre la photo du methred (plat en terre) est la mienne et c’est avec plaisir que je partage avec vous mon aïch (berkoukess).
    Très bonne année à toi et à toute ta famille !

    12 janvier 2017 à 16:24

  4. kouky

    Merci Kamel pour la visite et pour ce délicieux commentaire ô combien instructif,c’est toujours un plaisir de vous lire. Je tiens à remercier Monsieur Jugurtha Hanachi pour ce billet si bien détaillé et résumé, il faut bien rendre à César…
    Très bonne année à vous et à tous les algériens !

    12 janvier 2017 à 16:30

  5. Dib

    Salam. Merci. J ai essayé presque toues vos recettes. Elles sont réussies a 100/ cent. Encore une fois bon courage et longue vie. De la part d une constantinoise.

    12 janvier 2017 à 17:09

  6. j’adore ta recette et te lire est un ravissement, gros bisous ma kouky

    12 janvier 2017 à 20:29

  7. kouky

    Merci ma Nonna, trop gentille! brosses bises!

    12 janvier 2017 à 22:16

  8. kouky

    Salem Dib, merci pour la visite et pour la confiance ! ravie que vous ayez apprécié mes recettes! Merci !

    12 janvier 2017 à 22:18

  9. néné

    Bonjour Kouky, à Alger comme tant d’autre ville on continu à fêter yennayer,par contre je ne savais pas que les Aurés le fêter le 13 et 14 du mois,alors que les autres région fêtent yennayer qui veut dire d’ailleurs yenna =premier et yer année le 11qui est le réveillon et le 12 la nouvelle année agraire,pour les rituelles autour de cette datte est les même qu’en Kabylie que d’autre région comme M’sila, Tlemcen et tant d’autres…Pour Kamel :que l’on soit d’accord ou pas les faits ont été rapportés par des Historiens , le roi en question (dont le nom mérite d’être citer non pas comme un simple fameux empereur Berbère de Libye) Chachnaq devenu Faraon d’Égypte qui a détrôné Ramsès 2,Le roi Amazigh (Homme libre) et non berbère (barbare)qui est venu avec les romains,à cette époque on était un seul peuple ,sans frontières dans le grand Maghreb,avant d’être envahie par La France qui nous divise.Notre Histoire,est celle de nos ancêtres mérite d’être raconter avec respect pour tout ce qu’ils ont accompli et on ne peut être que fier de nos origines.Salam

    13 janvier 2017 à 11:50

  10. cuisinière

    heureuse de te relire, ma chère kouky et bonne année ! merci pour ton com en ce qui concerne la nouvelle année berbère j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire quel est le sens du mot « berbère » ? je sais seulement que ça ne veut pas dire barbare.

    14 janvier 2017 à 17:30

  11. kouky

    Marhba ma chère cuisinière ! c’est toujours un bonheur de recevoir ta visite ! Ravie que tu ais aimé ce petit billet. C’est vrai qu’on pourrait faire plein de recherches et remplir des bibliothèques sur le terme « berbère », on retiendra seulement que c’est les habitants autochtones de l’Afrique du Nord .
    Étymologiquement et d’aprés Wikipédia:  » À l’origine, le terme « barbare » — emprunté en 1308 au latin barbarus, lui-même issu du grec ancien βάρϐαρος bárbaros (« étranger ») — était un mot utilisé par les anciens Grecs pour désigner d’autres peuples n’appartenant pas à leur civilisation, dont ils ne parvenaient pas à comprendre la langue. Bárbaros n’a à l’origine, aucune nuance péjorative, il signifie simplement « non grec » ou plus largement toute personne dont les Grecs ne comprennent pas la langue, quelqu’un qui s’exprime par onomatopées : « bar-bar » « 

    15 janvier 2017 à 21:00

  12. kouky

    Bonjour Néné, merci pour tous ces éclaircissements, ça reste toujours enrichissant, surtout qu’on partage les mêmes objectifs de la préservation de notre patrimoine et de notre histoire. bonne soirée!

    15 janvier 2017 à 21:05

  13. néné

    Bonjour Kouky, aujourd’hui,le mot barbare n’est pas utilisé dans son terme originel mais employé dons un sens péjoratif :envahisseur, destructeur, tueur sans foie ni loi.C’est à ça qu’ils veulent noue faire ressembler.bonne journée!

    16 janvier 2017 à 09:32

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